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PRÊTRES DÉPORTÉS sur les PONTONS

DE ROCHEFORT

durant la RÉVOLUTION FRANCAISE

Reconnaissance aux habitants de Saintes

Abbaye-aux-Dames à Saintes, lieu de libération, de la mi-février à la mi-avril 1795.

Du livre de Jean-Marie Bourrel, « Les Témoignages des Prêtres Déportés pendant la Révolution » (1998) :

Reconnaissance par l’abbé Marie-Bon-Philippe BOTTIN aux habitants de Saintes :
« Vertueux habitants de Saintes, peuple compatissant et généreux, telles sont les œuvres de miséricorde que vous avez pratiquées à notre égard. Vous avez vu les prêtres de votre religion éprouvant des besoins de tout genre et vous les avez soulagés. Vous les avez vus réduits à une nudité presque entière, et vous les avez revêtus. Vous les avez vus tourmentés de la faim, et vous les avez nourris. Vous les avez vus travaillés de maladies, et vous les avez soignés. Vous les avez vus détenus dans une prison, et non contents de les visiter et de les assister, vous leur avez procuré la liberté. Après tant de bienfaits répandus sur les oints du Seigneur, il vous a semblé que vous aviez encore trop peu fait pour eux ; vos inépuisables libéralités, qui avaient satisfait à leurs nécessités présentes, se sont étendues jusqu’à leurs besoins futurs. Vous n’avez pas voulu recevoir leurs adieux, sans leur fournir des ressources pour la route qui leur restait à faire ; et vos dons les ont conduits jusqu’au lieu de leur destination. Rien n’a pu vous empêcher de suivre jusqu’à la fin les mouvements de la charité de Jésus-Christ, qui vous pressait de secourir ses ministres ; les railleries, les injures, les menaces des ennemis de l’Eglise, n’ont pas été capables de refroidir votre zèle, ni de ralentir le cours de vos bonnes œuvres. Ces hommes sans pitié marquaient vos noms sur des listes de mort ; mais le Dieu de toute bonté les inscrivait sur le livre de vie.

Oui, nos très chers frères, vous avez dilaté les entrailles des Saints, que de longues angoisses avaient resserrées : vous leur avez procuré un repos qu’ils n’espéraient plus goûter. Leur âme s’est épanouie ; elle s’est livrée à un sentiment qu’elle ne connaissait plus, à la satisfaction de trouver encore sur le sol de la France des cœurs sensibles aux malheurs d’autrui. Depuis longtemps ils buvaient dans le calice de la tribulation : dès qu’ils sont arrivés dans l’enceinte de vos murs, ils ont été inondés d’un torrent de délices.

Vous tous qui avez été nos consolateurs, nos bienfaiteurs, nos libérateurs, que vous rendrons-nous pour la tendre commisération que vous nous avez témoignée, pour les charitables soins que vous nous avez prodigués, pour les abondantes largesses dont vous nous avez comblés ? Comment nous acquitterons-nous du tribut de reconnaissance que nous vous devons à tant de titres ? Ah ! nous ne pouvons pas répondre à votre générosité par des bienfaits réciproques, puisque Dieu nous a ôté toutes nos possessions en ce monde. Mais, dans notre dépouillement, il nous reste le cœur pour vous aimer d’un amour éternel ; il nous reste la bouche pour vous bénir à la face du ciel et de la terre ; pour vous souhaiter toutes sortes de prospérités, les biens de la nature et les dons de la grâce, la félicité de la vie présente et le bonheur de la vie future. Puisse toute l’Eglise catholique être informée des aumônes que vous avez versées avec tant de profusion dans le sein de ses prêtres souffrants, et les célébrer avec nous à jamais. »

Dans la relation de l’abbé Labiche de Reignefort, du même livre, on trouve une description très détaillée des soins que les habitants de Saintes ont pu apporter aux prêtres.

D’autres témoins :

Tous ceux qui ont pu rédiger une relation des faits ont été unanimes à remercier les habitants de Saintes pour les bienfaits reçus lors de leurs passages dans leur ville, à l’aller comme au retour.

De même dans le manuscrit d’Antoine Lequin, prêtre rescapé, on retrouve, à plusieurs reprises cette reconnaissance aux habitants de Saintes mais aussi auprès d’autres départements, « Je restais dix sept jours à Cognac dans une maison bien respectable, J’y fus reçu avec les mêmes égards et la même affection que j’avais éprouvé à Saintes. Même accueil partout où je suis passé, à Jarnac, Angoulême, Limoges, Moulins, Branssat, La Cour, etc. »

Voir également le récit de l’avocat saintais M. Marillet. Cet auteur n’est témoin que du passage des déportés dans sa ville à l’aller et au retour. Son long manuscrit, inédit, est conservé à la bibliothèque municipale de Saintes.

Avant d’aller séjourner sur l’île Madame, propriété de l’Abbaye à qui elle doit son nom, les Déportés ont été emprisonnés dans ladite Abbaye et, à leur retour encore, y ont séjourné avant leur libération en février 1795.

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